Personnes âgées : goûts et préférences à découvrir !

3 août 2025

La perception des saveurs diminue généralement dès la soixantaine, modifiant profondément les préférences alimentaires. Selon l’INSERM, près de 40 % des personnes âgées déclarent rencontrer des difficultés à apprécier certains aliments.

Cette altération du goût s’accompagne souvent d’un appétit réduit et d’une moindre diversité alimentaire. Les conséquences sur la nutrition sont directes : carences, perte de poids et isolement peuvent s’installer. Pourtant, des stratégies existent pour stimuler les sens et adapter l’alimentation aux besoins spécifiques du grand âge.

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Quand les sens du goût et de l’odorat évoluent avec l’âge

Avec les années, le palais s’endort peu à peu. Ce qui paraissait évident hier, la chaleur d’un pot-au-feu, l’arôme d’une tarte aux pommes, s’efface, remplacé par une sensation de fadeur. Ce n’est pas une vue de l’esprit : la bouche d’un octogénaire compte bien moins de papilles gustatives que celle d’un jeune adulte, parfois trois fois moins. Les recherches de Sulmont-Rosse l’ont révélé sans détour. Et ce n’est pas tout : le cerveau traite différemment les signaux envoyés par la bouche, brouillant encore davantage les repères.

Ce glissement sensoriel s’accélère chez certains, notamment en cas de maladie d’Alzheimer ou de Parkinson, ou sous l’effet du vieillissement physiologique. L’odorat, compagnon du goût, n’est pas épargné. Sa diminution bouleverse l’expérience du repas, au point que certains seniors perdent tout simplement le plaisir de manger. Derrière cette évolution, c’est toute une dimension sociale et affective qui s’effrite, bien plus qu’une simple affaire de papilles.

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Voici ce que l’on observe fréquemment chez les aînés confrontés à ces changements :

  • Goût et odorat forment une alliance fragile qui se détériore souvent ensemble, rendant l’expérience culinaire moins marquante.
  • La perception des saveurs fluctue selon l’âge, l’état de santé ou les médicaments pris au quotidien.
  • Certains témoignent d’un goût métallique ou amer qui persiste, d’autres d’une quasi-disparition des sensations à table.

Au fil du temps, familles, soignants et équipes en ehpad notent combien les préférences se transforment, les repères se déplacent. On ne peut plus cuisiner pour un senior comme pour un enfant : il faut composer, varier, stimuler, innover. La diversité des textures, l’introduction de nouvelles senteurs deviennent des armes pour redonner du relief à l’assiette et ranimer un plaisir parfois assoupi.

Pourquoi la perte de saveurs influence-t-elle les envies alimentaires ?

Quand les saveurs s’estompent, c’est tout le rapport à la nourriture qui bascule. Les envies s’amenuisent, les repas n’attirent plus, et la table se vide à mesure que les sensations s’effacent. De nombreuses études cliniques l’ont constaté : l’appétit recule, la prise alimentaire devient irrégulière, parfois au point que la dénutrition s’installe sans bruit.

Face à cette transformation, beaucoup de seniors s’accrochent à ce qu’ils connaissent : des mets familiers, doux, peu épicés, souvent sucrés. L’exploration culinaire se fait rare, le menu se rétrécit. Cette tendance n’est pas anodine : elle modifie le régime, réduit la diversité, et finit par appauvrir les échanges à table. Le repas, autrefois moment de partage, peut devenir une simple formalité, voire une épreuve solitaire.

Ces conséquences concrètes méritent d’être soulignées :

  • La prise alimentaire perd en régularité et en quantité, menaçant l’équilibre nutritionnel.
  • Les préférences alimentaires se figent, le goût de la nouveauté s’efface progressivement.
  • Le plaisir de manger disparaît, laissant place à un risque accru de dépression chez certains aînés.

Ce bouleversement dépasse le simple domaine du goût. Il s’infiltre dans le quotidien, fragilise la qualité de vie et l’état nutritionnel. Décoder ces changements, comprendre les choix et les mécanismes à l’œuvre, c’est ouvrir la voie à un accompagnement plus juste, capable de préserver la convivialité du repas, pierre angulaire du bien-vieillir.

Des astuces simples pour réveiller les papilles des seniors

Redonner du relief au repas commence par l’ambiance. La convivialité, même sans grande cérémonie, réveille l’appétit : un déjeuner partagé, une table bien dressée, quelques fleurs suffisent à changer l’atmosphère. On sous-estime trop souvent le pouvoir d’un cadre chaleureux sur l’envie de manger.

L’aspect visuel compte tout autant. Une assiette colorée, une alternance de textures, un zeste d’herbes fraîches ou d’épices douces : ces petits détails rendent le plat plus attrayant et stimulent la curiosité gustative sans heurter la digestion. Le croquant d’un légume, la douceur d’une purée, le contraste d’une sauce : la variété invite à la dégustation, même chez ceux qui pensaient ne plus rien apprécier.

L’hydratation, elle aussi, se décline. L’eau n’est pas l’unique option : soupes, jus de fruits, tisanes, eaux parfumées aux agrumes ou au concombre multiplient les occasions de boire tout en apportant une touche de plaisir supplémentaire.

L’activité physique, même douce, ouvre l’appétit. Une balade, quelques étirements, un moment au jardin : ces gestes simples réveillent la faim et contribuent à l’équilibre entre alimentation et mobilité chez les seniors.

De plus en plus d’aidants misent désormais sur des outils modernes pour alléger le quotidien : applications proposant des menus variés, services de livraison de repas adaptés, ou recours à un orthophoniste en cas de difficultés de déglutition. Ces solutions, loin d’être gadgets, entretiennent le lien social et facilitent la vie.

Prendre soin du cadre du repas, écouter réellement les envies, c’est ouvrir la porte à des émotions positives et à une alimentation plus riche pour les personnes âgées. Au fond, c’est un équilibre à ajuster, à réinventer, à chaque saison et à chaque étape de la vie.

Mieux comprendre les besoins nutritionnels spécifiques après 65 ans

Passé le cap des 65 ans, le corps réclame de nouveaux ajustements. La vigilance devient de mise : la dénutrition s’installe souvent sans prévenir. Pour y faire face, l’apport en protéines doit augmenter légèrement afin de préserver la masse musculaire, garante de mobilité et d’autonomie. Un œuf au petit déjeuner, un laitage, du poisson ou des légumineuses au fil des repas : c’est la variété qui fait la force, en veillant à la régularité des prises alimentaires.

L’attention se porte aussi sur les vitamines. La vitamine D, indispensable au calcium, devient un enjeu : l’exposition au soleil décroît, la synthèse naturelle aussi. On compense en privilégiant poissons gras, produits laitiers enrichis, ou, si nécessaire, un complément prescrit par le médecin. La vitamine B12 mérite également une surveillance accrue, car les troubles digestifs plus fréquents après 70 ans freinent son assimilation. Un suivi biologique permet alors d’ajuster les apports.

Voici quelques repères pour ajuster l’alimentation après 65 ans :

  • Manger davantage de fruits et légumes pour garantir l’apport en fibres et en minéraux.
  • Limiter les plats trop salés ou trop sucrés, qui masquent les saveurs sans bénéfice réel pour la santé.
  • Adapter la texture des aliments : purées, compotes, potages facilitent la prise alimentaire en cas de difficultés de mastication.

La qualité de vie en maison de retraite, comme à domicile, dépend étroitement de la nutrition. Un régime sur-mesure, équilibré, peut éviter bien des hospitalisations, retarder la fatigue ou préserver l’autonomie. Prendre soin de l’assiette, c’est honorer le parcours de chacun, entre respect, vigilance et écoute.

À l’heure où le repas devient parfois un défi, chaque bouchée retrouvée, chaque sourire arraché autour d’une table, sonne comme une victoire. Et si, demain, la gourmandise retrouvait sa place jusque dans le grand âge ?

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